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Crises du logement : 500 organisations s'unissent pour réclamer une politique d'habitation au Québec


MONTRÉAL, le 1er mars 2022 /CNW Telbec/ - Quelque 500 organisations communautaires, syndicales, féministes, écologistes, étudiantes et autres, en plus d'une cinquantaine de personnalités publiques, se joignent au Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) pour réclamer l'adoption par le gouvernement québécois d'une politique globale d'habitation basée sur le droit au logement, la réalisation massive de logements sociaux, tant coopératifs, sans but lucratif que publics, et un meilleur encadrement du marché privé.

Selon ces organisations, une telle politique est plus que jamais nécessaire compte tenu de la gravité et de la profondeur des crises en cours, dont la flambée du coût du logement, la rareté persistante de logements locatifs à loyer abordable, ainsi que l'aggravation de l'itinérance et de la discrimination lors de la location d'un logement. Les organismes affirment que l'adoption d'une politique d'habitation est aussi devenue incontournable, compte tenu de la montée de phénomènes comme les rénovictions, la location temporaire à des fins touristiques et la spéculation immobilière. Prenant exemple sur les conséquences qu'a eues la COVID-19 sur les populations les moins nanties, elles estiment impérieux d'agir pour éviter que leurs mauvaises conditions d'habitation les rendent plus vulnérables aux pandémies et aux dérèglements causés par les changements climatiques.

Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU, déplore que le Québec n'ait toujours pas de politique d'habitation et qu'il n'ait pas encore reconnu formellement le droit au logement : « Malgré les recommandations de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, le droit au logement n'est pas inscrit explicitement dans la Charte québécoise des droits et libertés. Au contraire, le logement est d'abord considéré comme un bien de consommation, voire une occasion de profits, ce qui est encore plus vrai, vu la place grandissante que les sociétés d'investissements, les fonds de retraite et les grands promoteurs immobiliers prennent sur le marché de l'habitation. »

Le FRAPRU constate des reculs dans la mise en oeuvre de ce droit que Québec s'est pourtant engagé à faire progresser. La pénurie de logements s'étend maintenant à presque tous les centres urbains et le coût du logement gruge une partie grandissante du revenu des ménages. Pendant ce temps, la plus grande incertitude plane sur l'avenir d'AccèsLogis, le seul programme dédié au logement social et communautaire, et la tendance est à la privatisation de l'aide au logement. Le gouvernement Legault a promis d'adopter ce printemps un plan gouvernemental en habitation, mais selon Véronique Laflamme, « ce sera un coup d'épée dans l'eau en l'absence d'une vision globale et de mesures vraiment structurantes à long terme comme la réalisation massive de logements sociaux, le contrôle obligatoire des loyers, un registre national des baux et des protections efficaces contre les évictions. »

Des impacts multiples

Philippe Néméh-Nombré, vice-président de la Ligue des droits et libertés, souligne que le Québec n'est pas à la hauteur des engagements qu'il a pris à l'égard des droits en ratifiant le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels : « Le Québec a le devoir de respecter, de protéger et de mettre en oeuvre le droit au logement et s'il s'y refuse, comme c'est le cas présentement, cela a des impacts négatifs sur plusieurs autres droits, comme ceux à la santé, à l'éducation, à l'alimentation, à la sécurité ou encore à l'égalité. De plus, cela vient aggraver la discrimination dont souffrent notamment les ménages racisés, les familles, les personnes à l'aide sociale ou celles en situation de handicap ».

La présidente de la Confédération des syndicats nationaux, Caroline Senneville, rappelle que la lutte pour le logement a toujours été importante pour la CSN, qui réclamait déjà une politique d'habitation au début des années 1970 : « C'est d'ailleurs ce que nous donnons souvent en exemple pour parler de l'importance d'agir sur les politiques sociales en même temps qu'on lutte pour l'amélioration des conditions de travail. Les travailleuses et les travailleurs que nous représentons nous témoignent de leurs nombreuses difficultés vécues à ce niveau : pénurie d'appartements, hausse du coût des loyers, rénovictions, etc. Le manque de logements peut aussi être un frein à l'attraction et à la rétention de la main d'oeuvre dans plusieurs régions du Québec ».

Virginie Larivière, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté, fait ressortir les liens entre la négation du droit au logement et celle du droit à un revenu décent : « Le coût du logement est un casse-tête pour la plupart des ménages locataires, mais c'est un véritable cauchemar pour les ménages en situation de pauvreté qui doivent se résoudre à couper dans d'autres besoins essentiels, en particulier la nourriture, pour arriver à payer leur loyer et éviter de se faire évincer pour non-paiement de loyer. Ce n'est pas pour rien qu'en 2021, 610 000 personnes ont dû recourir à de l'aide alimentaire au Québec, ce qui représente une hausse de 22 % par rapport à 2019. Cela ne s'améliorera sûrement pas avec la hausse combinée des loyers et du coût de l'alimentation. »

Louise Lafortune, porte-parole du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale (RMFVVC), constate que la situation actuelle du logement met de nombreuses femmes en danger, tout en contribuant à l'engorgement des ressources d'hébergement : « Plusieurs femmes hésitent à quitter un conjoint violent, parce qu'elles craignent de se retrouver à la rue. Il arrive même parfois que des femmes qui avaient malgré tout pris cette décision se résignent à retourner chez leur ancien conjoint, parce qu'elles ne trouvent pas de logement ou qu'elles n'arrivent pas à payer le loyer de l'appartement trop cher qu'elles avaient loué de peine et de misère. Une éventuelle politique d'habitation devrait reconnaître le droit à la sécurité de ces femmes ». 

Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada, rappelle pour sa part que « ce sont les populations les plus vulnérables, entre autres celles qui sont mal-logées ou en situation d'itinérance, qui sont les plus durement touchées par les catastrophes provoquées par les changements climatiques ». Cela démontre, à son avis, l'urgence d'accélérer la lutte contre la crise climatique, dans une optique de justice sociale, dans le respect des droits de toutes et tous. « La reconnaissance de la crise climatique et de l'importance du logement pour y faire face, devrait être une priorité de la politique d'habitation ».

Pour sa part, le FRAPRU a rédigé une telle Politique globale en habitation qu'il propose au gouvernement d'adopter pour faire progresser concrètement le droit au logement, il la publicisera dans les prochains jours.

SOURCE Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)


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