Le Lézard
Sujet : CPG

Crédits d'impôt : l'industrie québécoise des effets visuels et de l'animation sonne l'alarme


Première de classe pendant les dernières années, l'industrie québécoise des effets visuels et de l'animation se retrouve subitement en queue de peloton sur l'échiquier mondial. Les membres de l'industrie sont très inquiets.

 MONTRÉAL, le 29 mai 2024 /CNW/ - Les studios d'effets visuels et d'animation établis au Québec sonnent l'alarme. L'ensemble de l'industrie est confronté à une importante perte de revenus et à une diminution de sa compétitivité à la suite de la décision annoncée dans le dernier budget du gouvernement du Québec. Cette décision unilatérale consiste à imposer un plafond de 65 % sur les dépenses admissibles, prenant effet le 31 mai 2024. Cela représente une coupure significative et subite de 28 % des crédits d'impôt pour les clients internationaux de l'industrie québécoise.

Le secteur québécois des effets visuels et de l'animation emploie plus de 8?000 personnes qui bénéficient de bons salaires. En effet, avec un salaire moyen de plus de 82?000 $ par an, l'industrie a généré plus de 1,4 milliard de dollars de retombées économiques au cours de la dernière année. De plus, au fil des ans et des efforts de tous les gouvernements qui se sont succédé, le Québec est parvenu à se positionner comme l'un des trois principaux pôles mondiaux du secteur. Il s'agit d'un secteur d'industrie à part entière, distinct des jeux vidéo et des tournages et qui représente 40 % du PIB des industries créatives.

Le crédit d'impôt, un véhicule exceptionnel de création de richesse

Aujourd'hui, pour chaque dollar octroyé en crédits d'impôt par le gouvernement, c'est 6 dollars que l'industrie des effets visuels et de l'animation génère directement dans l'économie du Québec. De même, pour chaque dollar économisé par le gouvernement à la suite du retrait du crédit d'impôt, l'économie du Québec et l'ensemble des Québécois perdent 6 dollars. Autrement dit, on s'apprête à se priver d'une industrie qui remet dans l'économie du Québec 6 fois plus d'argent que ce qu'il lui en coûte d'offrir un crédit d'impôt. De plus, il s'agit d'argent neuf qui provient de l'étranger.

Ainsi, le crédit d'impôt est beaucoup plus qu'une simple dépense fiscale. C'est également beaucoup plus qu'un incitatif à l'emploi. C'est aujourd'hui devenu une mesure de compétitivité internationale et un véhicule exceptionnel de création de richesse.

Une mesure déconnectée qui entre en vigueur trop vite

Dans ce contexte, la décision du gouvernement du Québec est particulièrement décevante. Aucune consultation préalable n'a eu lieu avec l'industrie. Le mince délai de transition ne laisse aucune marge de manoeuvre à l'industrie pour s'adapter. En fait, cela oblige celle-ci à mettre de la pression sur les clients, les grands studios d'Hollywood, car ce sont eux qui doivent déposer des demandes avant le 31 mai. Ce délai ne prend pas en compte la réalité d'affaires du milieu cinématographique, alors que les grands projets sont prévus plusieurs mois, voire plusieurs années à l'avance.

Dans cette industrie, les artistes créatifs sont passionnés au point où ils tiennent mordicus à travailler sur les projets d'envergure qui sont les plus en vue. Or, la mesure adoptée par le gouvernement a pour effet de limiter l'accès du Québec aux projets les plus importants. Comme ces projets seront dorénavant réalisés ailleurs, nos talents québécois risquent fort de déménager vers les autres juridictions qui sont désormais plus compétitives que le Québec, comme l'Ontario, la Colombie-Britannique, la France et le Royaume-Uni.

Ainsi, des milliers d'emplois deviennent à risque dans la province. C'est un niveau d'incertitude important qui touche l'ensemble des entreprises de l'industrie, autant les entreprises québécoises que les entreprises étrangères qui ont choisi de venir s'installer ici à la suite des efforts de séduction du Québec. Aujourd'hui, la réputation du Québec au sein de l'industrie des effets visuels et de l'animation est compromise.

L'industrie en mode collaboration, le gouvernement ne répond pas

L'industrie comprend très bien la situation budgétaire difficile du gouvernement du Québec. Les membres de l'industrie se sont d'ailleurs montrés très compréhensifs et collaboratifs à cet égard. La demande de l'industrie est simple : l'industrie demande au premier ministre du Québec, M. François Legault, de repousser la date d'entrée en vigueur de la baisse des crédits d'impôt au 1er janvier 2025. Ce report permettra au gouvernement de travailler avec l'industrie pour convenir d'une alternative qui sera à la fois à sa pleine satisfaction et qui assurera la pérennité de l'industrie au Québec. Cette demande a été déposée auprès des décideurs publics au fil des dernières semaines et des derniers mois, et aucune réponse officielle n'a été reçue à ce jour.

Ainsi, les 47 studios d'effets visuels et d'animation présents au Québec déplorent ces coupures qui viennent entraver une fierté nationale à un moment crucial, alors que l'industrie se remet à peine des grèves qui ont sévi à Hollywood pendant l'année 2023.

En outre, la décision du gouvernement risque de priver le Québec de retombées futures importantes.

Citations

«?L'industrie des effets visuels et de l'animation au Québec fait l'objet d'une renommée mondiale en vertu de ses talents, de son expertise, de ses moyens techniques et de son offre de service globale pour les studios internationaux, a souligné Sébastien Moreau, PDG et fondateur de Rodeo FX. Malheureusement, malgré l'immense talent présent au Québec, la compétitivité des juridictions est déterminée par les incitatifs fiscaux. »

«?Les coupes au crédit d'impôt pour services de production cinématographique n'ont pas tardé à se faire ressentir, a déclaré Véronique Tassart, Directrice -- Intégration des fusions et acquisitions de Cinesite. Déjà, certains de nos clients nous ont affirmé que nos soumissions ne sont plus compétitives?; tous les studios québécois ont eu le même genre de retours depuis 2 mois. La survie de l'industrie au Québec est désormais extrêmement précaire. »

« Cette décision unilatérale du gouvernement du Québec fragilise énormément l'industrie des effets visuels et de l'animation installée depuis plus de 25 ans dans la province, a affirmé Chloé Grysole, directrice générale des activités canadiennes de Framestore Canada. Nous sommes extrêmement inquiets pour l'avenir de notre studio et de l'industrie au sens large à Montréal. Si la situation n'est pas rectifiée rapidement, l'attrait du Québec pour les producteurs et les studios internationaux diminuera de façon exponentielle. »

Annexe

Membres de l'industrie des effets visuels et de l'animation présents lors de la conférence de presse

Blue Spirit Canada

BUF

Cinesite inc

Folks FX

Framestore

Game On

Groupe Kaibou Production

Hybride

L'Atelier Animation

Mathematic

Mikros Animation

MPC

ON Animation Studio Montreal

Outpost VFX

Pixomondo

Raynault VFX

Rayon FX

Real By Fake

Rodeo FX

Sony Pictures Imageworks

Squeeze

Syon media

Technicolor Canada

Union VFX

SOURCE Rodeo FX



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