Le Lézard
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Sujets : Sans buts lucratifs, Droit / Problèmes légaux

Des commentaires du public publiés au bas d'un article du Journal de Montréal jugés discriminatoires envers les locataires de logements sociaux


MONTRÉAL, le 9 mai 2024 /CNW/ - Le Conseil de presse du Québec a publié quatre nouvelles décisions concernant des plaintes qu'on lui avait soumises. Il a retenu les quatre plaintes, en tout ou en partie.

D2023-08-056 : André Roy c. Le Journal de Montréal

Le Conseil de presse retient la plainte d'André Roy concernant quatre commentaires publiés au bas de l'article « Le nombre de HLM en très mauvais état a augmenté de 27 % en 14 mois », diffusé sur le site Internet du Journal de Montréal le 2 août 2023, concernant un grief d'absence de modération des contributions du public.

On pouvait lire, au bas de l'article, les commentaires suivants du public :

« Manque de main-d'oeuvre, va travailler tu vas payer plus cher et peut-être un appartement plus propre. »

« S'ils veulent vivre dans des logements plus luxueux, ils ont juste à aller travailler et à se payer quelque chose de mieux!! »

« Beaucoup de paresseux ici qui veulent vivre sur le dos des autres. C'est désolant. »

« Lorsque quelques locataires vivent comme des porcs, le bâtiment complet devient inévitablement une porcherie. »

Le Conseil juge que les trois premiers commentaires sont discriminatoires envers les locataires d'habitations à loyer modique (HLM) sur la base de leur condition sociale, alors que le quatrième ne respecte pas leur dignité.

« [Trois] commentaires entretiennent le préjugé que les locataires de HLM sont paresseux et ne veulent pas travailler, indique le Conseil dans sa décision. Ils généralisent à tous les résidents de HLM le fait d'être paresseux. Ils laissent également entendre que ces personnes pourraient travailler, mais qu'elles n'en ont pas le désir. » Par ailleurs, en affirmant que les locataires de HLM vivent « comme des porcs », un commentaire « atteint à leur dignité en les rabaissant au rang d'animal et en les déshumanisant ». Le Conseil juge qu'en ne modérant pas ces commentaires, le média n'a pas pris les moyens raisonnables pour s'assurer que sa zone de commentaires n'affiche pas de contributions du public contenant des propos discriminatoires ou qui portent atteinte à la dignité humaine.

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D2023-07-051 : François Gosselin Couillard c. Christian Rioux et Le Devoir

Le Conseil de presse retient la plainte de François Gosselin Couillard visant la chronique « Solitude française », publiée le 14 juillet 2023, et blâme le chroniqueur Christian Rioux et Le Devoir concernant deux griefs de discrimination entretenant les préjugés. Il rejette cependant le grief d'information inexacte. Dans cette chronique, le correspondant du Devoir à Paris décrit le climat tendu dans lequel se déroule la Fête nationale des Français, alors que la France vient de vivre huit nuits d'émeutes à la suite de la mort d'un jeune Franco-Algérien tiré à bout portant par un policier lors d'un contrôle routier deux semaines plus tôt. Christian Rioux écrit, dans le premier paragraphe de sa chronique :

« En 2015, les djihadistes s'en étaient pris aux symboles mêmes de la civilité française en assassinant de simples Français attablés aux terrasses des cafés. Les dizaines de milliers de vandales qui ont enflammé les banlieues il y a deux semaines à peine ont eux aussi visé la France au coeur en prenant pour cible les symboles mêmes de l'État et de son idéal social : des écoles, des bibliothèques, des garderies... »

Un peu plus loin dans sa chronique, il ajoute :

« Comme si tous les Français n'avaient pas constaté de visu que ces émeutes étaient, pour l'essentiel, le fait de populations issues de l'immigration, peu importe qu'elles soient de la première, de la deuxième ou de la troisième génération. »

Le Conseil juge que « le chroniqueur met sur un pied d'égalité des terroristes qui ont tué 130 personnes et des jeunes des banlieues qui ont causé des dommages matériels qui n'ont aucune commune mesure avec le terrorisme islamiste. Le chroniqueur aurait dû s'abstenir d'utiliser des termes qui peuvent entretenir les préjugés en associant les Arabes et les musulmans à des terroristes. »

Par ailleurs, « en utilisant l'expression "de visu", le chroniqueur attribue l'origine des émeutes à un groupe défini d'habitants des banlieues : ceux de minorités visibles issus de l'immigration. De plus, il sépare dans cette phrase les "Français" des "populations issues de l'immigration peu importe qu'elles soient de la première, de la deuxième ou de la troisième génération", comme si les personnes issues de l'immigration, même de troisième génération, n'étaient pas de vrais Français. »

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D2023-03-023 : Philippe de Grosbois c. Mario Dumont et LCN

Le Conseil de presse retient la plainte de Philippe de Grosbois visant une entrevue de l'animateur Mario Dumont avec l'invitée Me Sibel Ataogul durant le segment « Arrestations de masse » de l'émission « Mario Dumont », diffusée le 15 mars 2023 sur les ondes de LCN, concernant le grief de manque d'équité envers Me Ataogul. Le Conseil rejette cependant les deux griefs d'information inexacte ainsi qu'un second grief de manque d'équité. Durant l'ensemble de l'entrevue visée par la plainte, le Conseil constate qu'un « dialogue de sourds » a lieu entre Mario Dumont et Me Ataogul, car l'animateur et son invitée ne font pas référence au même type de manifestants. Me Ataogul mentionne à plusieurs reprises qu'elle représente des manifestants pacifiques dont les droits ont été brimés lors des mouvements de manifestations étudiantes de 2012 et 2014, tandis que M. Dumont la questionne maintes fois à propos des manifestants qui ont commis des actes de vandalisme, même s'il sait qu'elle n'est pas la porte-parole des casseurs et qu'elle n'est pas apte à répondre de leurs gestes. « Considérant que l'invitée [...] ne représentait pas les manifestants "casseurs" auxquels l'animateur [...] fait référence et que ce dernier persiste à la questionner à ce sujet en ignorant les explications de son interlocutrice, le grief de manque d'équité est retenu », peut-on lire dans la décision.

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D2023-06-049 : François Gosselin Couillard c. Richard Martineau et Le Journal de Montréal

Le Conseil de presse retient la plainte de François Gosselin Couillard (et un plaignant en appui) visant la chronique « Votre enfant dit qu'il est un chien? Jappez! », publiée le 27 juin 2023, et blâme le chroniqueur Richard Martineau ainsi que Le Journal de Montréal concernant un grief d'information inexacte et un grief de manque d'identification des sources. Un second grief d'information inexacte est rejeté, et le grief de discrimination est jugé non recevable. Dans cette chronique, Richard Martineau raconte qu'« au Royaume-Uni, des enfants disent à leurs profs qu'ils sont des animaux ». Cette affirmation se base principalement sur une histoire qui s'est déroulée dans une école du comté de Sussex, en Angleterre, une histoire pourtant démentie par plusieurs médias britanniques, dont le Guardian, plusieurs jours avant la publication de la chronique de M. Martineau. Le Conseil juge qu'en « avançant sans nuance qu'"au Royaume-Uni, des enfants disent à leurs profs qu'ils sont des animaux", alors qu'on avait des preuves du contraire, le chroniqueur a [...] rapporté une information inexacte ». Qui plus est, « le public ne peut évaluer la fiabilité des informations qui sont avancées puisque le chroniqueur n'en identifie pas la source ».

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À propos

Le Conseil de presse du Québec est un organisme privé, à but non lucratif, qui oeuvre depuis 50 ans à la protection de la liberté de la presse et à la défense du droit du public à une information de qualité. Son action s'étend à tous les médias d'information distribués ou diffusés au Québec, qu'ils soient membres ou non du Conseil, qu'ils appartiennent à la presse écrite ou électronique. Le Conseil reçoit les plaintes du public et rend des décisions relativement à la déontologie journalistique. Mécanisme d'autorégulation de la presse, le Conseil ne peut être assimilé à un tribunal civil, il ne possède aucun pouvoir judiciaire, réglementaire, législatif ou coercitif; il n'impose aucune autre sanction que morale.

Le Conseil de presse remercie Cision d'avoir rendu possible l'envoi de ce communiqué.

SOURCE CONSEIL DE PRESSE DU QUEBEC


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